3 questions à Claire Boulanger

Quelles étaient vos attentes en confiant cette mission d’étude sur l’habitat partagé et solidaire au CCAH ?

Les personnes âgées ou handicapées, et plus largement les personnes qui se trouvent en situation de vulnérabilité sont souvent confrontées à des solutions d’habitat imposées qui laissent peu d’alternative au « tout individuel » ou au « tout collectif ». La question d’un habitat partagé et solidaire a commencé à émerger dans quatre programmes nationaux de la Fondation de France, - Habitat, Grand âge, Handicap et Maladies psychiques - ce qui a conduit à une réflexion sur les critères qui définissentt la qualité de ce type d’hébergement. Quatre critères ont été identifié : la mixité, c’est-à-dire la possibilité d’intégrer différents profils d’habitants (âge, revenu, situation familiale, handicap, parcours de vie), la participation des habitants dans la conception, la réalisation et la gestion de l’habitat au quotidien, le territoire, un critère qui observe la coopération entre acteurs locaux et l’ancrage territorial du projet et enfin le parcours de vie, à savoir le libre choix de vie des publics vulnérables et la place à l’auto-détermination dans le parcours de vie, que l’habitat soit temporaire, durable ou définitif.

Pour vérifier la pertinence de ces critères, le groupe de travail a fait appel au CCAH pour mener une étude qui réponde aux questions suivantes : comment ces quatre critères ont-ils été pris en compte dans des projets repérés comme particulièrement inspirants ? Ces critères sont-ils pertinents pour qualifier l’innovation dans les projets d’habitat partagé et solidaire de demain ? Comment les matérialiser au cours de l’instruction des projets ? Quelles évolutions imaginer dans les modes d’intervention de la Fondation de France auprès des porteurs de projet ?

• Quels ont été les moments clés ou faits marquants au cours de la mission ?

La coopération avec le CCAH s’est avérée particulièrement fructueuse, avec en point d’orgue une journée de co-construction organisée avec des porteurs de projets. Cette journée a été marquée en particulier par l’atelier prospectif 2040, qui a invité les participants à une plongée dans l’avenir pour imaginer, en étirant des tendances déjà observables, les éventuelles évolutions de l’habitat partagé dans les vingt prochaines années. Par la suite, l’atelier design des programmes a permis de réfléchir aux nouveaux besoins prévisibles des bénéficiaires, et donc à de nouveaux axes et à de nouvelles modalités d’intervention.

• Comment allez-vous mettre en œuvre les conclusions de l’étude au sein de la Fondation de France ?

Dans l’immédiat, cette étude sera directement utilisable par les comités d’experts chargés de la sélection des projets, dans la mesure où elle permet d’intégrer les quatre critères dans l’instruction des projets et de définir des exigences de qualité communes aux quatre programmes. Il sera donc important, dès à présent, de former nos instructeurs et nos bénévoles experts pour les aider à analyser les projets à l’aune de ces critères.

Par la suite, les conclusions de l’étude du CCAH feront l’objet d’un partage en interne, pour enrichir la réflexion au sein de la Fondation de France sur les enjeux liés à l’habitat. Pour aborder la question de l’habitat partagé et solidaire, nous allons nous pencher sur les autres préconisations de la mission, par exemple : quels partenariats mettre en place ? Comment former et mobiliser des acteurs au-delà de nos financements ? Nous étudions actuellement la possibilité de mettre en œuvre une expérimentation, qui permettrait d’élaborer des réponses à ces questions à travers le soutien à un groupe ciblé de porteurs de projets. Le CCAH a été pour nous un accélérateur d’intelligence collective sur les enjeux complexes de l’habitat partagé et solidaire : une aventure à suivre !