3 questions à Marie-Aude Torres-Maguedano

Quelles sont les conséquences de la crise sanitaire pour les associations gestionnaires de l’Unapei ?

Si les conséquences sont multiples et variées bien entendu, selon les situations individuelles, les régions, il est possible cependant de les résumer en 3 mots : adaptation, alerte et reconnaissance

L’adaptation, c’est ce que tous nous avons eu à mettre en œuvre. Cependant pour les personnes handicapées et leurs familles, ainsi que pour tous les professionnels de de nos associations, cette capacité a été démultipliée. L’enjeu de maintenir un accompagnement de qualité pour tous dans des conditions matérielles et sanitaires complexes a été une priorité pour toutes nos associations. Que ce soit au niveau des individus ou des organisations, il faut reconnaitre que la capacité d’adaptation a été extraordinaire.

Dans ce contexte, il nous a fallu et il nous faut encore être en alerte permanente : dénoncer le refus de soins ou la discrimination des personnes handicapées quand il y en avait, alerter sur le manque de matériel de protection pour les professionnels du médico-social, exiger des conditions de sortie adaptées pour les familles et les personnes, agir pour l’adaptation en FALC de tous les supports et de l’information, remonter le besoin impérieux de répit des familles, … Car la gestion de cette crise ne doit pas nous faire renoncer à nos valeurs et à nos ambitions politiques.

Enfin, une des conséquences de cette crise est le sentiment partagé de manque de reconnaissance des pouvoirs publics d’une façon générale mais aussi des médias. Heureusement, les liens de solidarité qui avaient été tissés, que ce soit individuellement ou entre organisations (associations, entreprises,) ont permis de résoudre de nombreux problèmes. 

 

Quels sont les besoins à court terme ?

On peut distinguer trois types de besoins à court terme : un besoin toujours présent de matériel de protection, mais aussi un besoin de soutien pour tous nos publics (personnes handicapées, familles et professionnels). Le besoin de répit pour les personnes et leurs aidants n’est pas négligeable non plus, privées pour beaucoup d’entre elles de l’accompagnement de nos associations sans oublier toutes celles qui avant la crise étaient déjà sans solution.

C’est d’ailleurs en se basant sur ce constat que nous avons lancé, dès le 26 mars, un fonds d’urgence Unapei - Covid 19 (https://www.unapei.org/article/fonds-durgence-covid-19-handicap-tous-unis-et-solidaires/). Si la collecte est toujours en cours, nous sommes d’ores et déjà fiers de pouvoir compter sur le soutien de donateurs privés mais aussi d’entreprises dont certains membres du CCAH.

Sur le terrain, de nombreux projets innovants ont vu le jour car les équipes comme les aidants ont su être très créatifs. Pour eux, les coups de pouce financiers, logistiques, humains ou matériels sont essentiels. Parfois, il ne faut pas grand-chose pour faire vivre une bonne idée de solidarité et cette idée peut changer beaucoup de chose au quotidien !

 

Est-ce que la crise sanitaire conduira à modifier l’organisation des associations du mouvement Unapei ? De quelle façon ?

La réponse est… oui et non !

Oui, et de façon positive, je citerai encore le développement de nouvelles solidarités (entre voisins, entre associations, entre entreprises et associations, …) car j’espère vraiment que ce sera une des leçons que nous retiendrons. Par ailleurs, l’accélération de la place du digital me semble significative que ce soit dans le fonctionnement de nos associations ou dans l’accompagnement des personnes et des familles. Nous avons tous expérimenté l’importance des liens humains et comment le digital a été un soutien. L’enjeu est maintenant de créer le digital de demain, celui qui s’adapte à tous et n’exclut personne.

Cependant, ce que révèle cette crise, ce sont aussi les points forts de nos associations : nos valeurs, nos compétences et notre expérience. En effet, c’est ce qui nous a permis de continuer à accompagner les personnes et leurs familles malgré tout et ce partout en France.  Cette crise démontre tous les jours les compétences extraordinaires des uns et des autres ainsi que l’utilité sociale de nos associations pour notre pays.

C’est pourquoi, nous serons très vigilants face à la tentation que l’on voit poindre d’ores et déjà de transformer des solutions temporaires en solutions pérennes. C’est en investissant collectivement dans un « mieux disant social » pour les plus vulnérables que nous transformerons durablement notre société pour tous.

 

Faire un don à l’Unapei : https://don.unapei.org/urgence_covid/~mon-don?_cv=1