3 questions à Thierry Sibieude

Thierry Sibieude est Professeur, titulaire de la chaire Entrepreneuriat Social ESSEC, fondateur de l’association La Clé pour l’autisme. 

1. Pouvez-vous nous présenter la chaire entrepreneuriat social de l’ESSEC?

C’est un cursus proposé aux étudiants de la Grande Ecole Essec, pour leur permettre de découvrir l’économie sociale et solidaire et comprendre la création d’entreprise qui combine les logiques économique, environnementale et sociale afin de concourir à un monde plus durable et plus juste. La mission de la chaire est de créer de la connaissance, de favoriser la capacité à agir des individus et des organisations pour maximiser leur impact social et enfin d’expérimenter et d’innover socialement. Nous avons ainsi créé un incubateur social, Antropia, véritable catalyseur d’entreprises, qui accompagne les entrepreneurs sociaux aux différentes étapes de leur développement. Nous avons également innové au plan pédagogique en développant une collection de 10 MOOCS (Massive Online Open Courses) qui abordent les questions de création d’entreprises qui changent le monde, d’impact investing, d’alliances entre les entreprises, les associations et les collectivités publiques pour changer les territoires.

2. Comment les entrepreneurs sociaux s’emparent-ils du sujet du handicap?

Un entrepreneur social va chercher à répondre à un besoin que ni les politiques publiques, ni le marché ne peuvent satisfaire complétement. Comme vous le savez, de nombreux besoins des personnes handicapées sont loin d’être satisfaits et on ne compte plus les familles à la recherche quasi désespérée de solutions pour une meilleure intégration scolaire, professionnelle ou tout simplement sociale. Les entrepreneurs sociaux se sont donc spontanément saisis de ces questions qui constituent un champ privilégié de développement. Au sein d’Antropia, nous identifions les entrepreneurs offrant des nouveaux services, de nouvelles perspectives aux personnes handicapées et à leurs familles grâce au soutien, notamment de la fondation Optic 2000 ou de BNP Paribas. Handi valise, qui vient de gagner le prix OCIRP, a été accompagnée par Antropia et a pu bénéficier du concours de 5 étudiants de l’ESSEC pour structurer son business plan. Cette structure permet aux personnes handicapées physiques ou mentales de trouver l’accompagnateur nécessaire pour qu’elles puissent partir en vacances même si leurs familles et proches ne sont pas disponibles. Les initiatives sont nombreuses, avec à chaque fois, le souci de trouver un modèle économique permettant que la solution imaginée soit mise en œuvre par son inventeur.         

3. Quelles sont les priorités d’action selon vous, pour développer et enrichir ce travail commun?

Il convient de renforcer les moyens d’accompagnement des porteurs de projets : développer les formations, proposer un accompagnement individuel encore plus riche, offrir une réelle animation de la communauté des entrepreneurs sociaux afin de profiter au maximum de l’intelligence collective. Il faut donc des moyens financiers et un engagement accru de la communauté financière auprès des acteurs du secteur. Pour encourager des financeurs à investir dans ces nouvelles entreprises, il est nécessaire de mesurer l’impact social des solutions imaginées et la valeur sociale ainsi créée.  Il s’agit également pour les jeunes, les étudiants, les entrepreneurs, de ne plus regarder le handicap par rapport aux limites, aux entraves mais par rapport aux qualités, aux atouts et à la richesse apportée à notre société en général.