Mobiliser et faire coopérer de nouveaux acteurs

Les acteurs du handicap sont appelés à mettre en oeuvre de nouvelles coopérations. Le besoin de fluidité et de diversité des parcours rend nécessaires le partage de moyens et de ressources, l’échange d’information, voire la co-intervention : entre professionnels, services, institutions, secteurs médico-social, social, sanitaire, scolaire, etc.Concrètement et à titre d’exemple, le plateau technique spécialisé d’un établissement pourra être dimensionné et géré en s’ouvrant sur les besoins des autres institutions du territoire. Autre exemple, des interventions professionnelles pourront être regroupées et mises en cohérence au sein d’un Groupement de Coopération Sociale et Médico sociale (GCSMS) spécialisé.

C’est à nous tous de promouvoir et de favoriser l’organisation la plus favorable à cet empowerment : des établissements et services organisés en plateforme de services intégrés territorialisée offrant une palette de prestations diversifiées et adaptées à chacune des situations individuelles des publics vulnérables. De la souplesse, du sur mesure donc, et non des solutions toutes faites et formatées.
Jean-Jacques ELEDJAM /
Président - CROIX ROUGE FRANCAISE

Les acteurs de l’économie sociale et solidaire, dont les établissements sociaux et médico sociaux font partie sans le savoir toujours, doivent être en première ligne du développe­ment de l’innovation sociale en direction des personnes handicapées. Mais ils peuvent compter sur une palette diversifiée d’acteurs concernés par le handicap, reflétant la mobili­sation nécessaire de l’ensemble de la société :

Les personnes en situation de handicap

Elles sont la cible de toutes les actions évoquées, mais surtout des acteurs essentiels, ou du moins cela devrait-il être le cas. A tous les niveaux individuels et collectifs, lorsque des personnes han­dicapées s’expriment sur leurs besoins, participent à la construction des solutions, transmettent leurs expériences, l’action est plus pertinente et l’on progresse sur la voie de l’autonomie.

Les aidants familiaux et proches

Leur rôle est de mieux en mieux reconnu. Ils sont à la fois des acteurs essentiels et les bénéficiaires d’actions de soutien. Eux aussi sont concernés par l’évolution des pratiques. Au-delà des actions de répit et de soutien, nécessaires, il convient aujourd’hui de les sensibiliser, les former et les accompagner sur le sujet de l’accès à la citoyennété pour leurs proches. Leur expérience qui leur donne une expertise doit etre valorisée, par la pair-aidance par exemple, sans pour autant se subsituer à la nécessaire action publique. Là encore, tout est question de libre choix.

Les secteurs social et sanitaire

Pour accéder aux soins en minimisant les ruptures (informations non transmises entre intervenants, changements dans les soins ou l’accompagnement,..), pour pré­venir ou gérer les situations de détresse sociale, la collaboration ou la co-interven­tion s’imposent entre le secteur du handi­cap et les secteurs social et sanitaire. Par exemple, les enfants qui relèvent des deux champs, handicap et protection de l'en­fance, doivent nous obliger à une réelle coo­pération des deux dispositifs. La personne ne se découpe pas suivant les tranches de notre organisation administrative.

Ma vision, c’est que nous ayons une prise de conscience collective parce qu’en fait, il n’y a pas le handicap mais une multitude de situations de handicap qui nous touchent tous à un moment ou à un autre directement ou indirectement. N’importe qui dans son réseau personnel ou professionnel doit pouvoir se dire : ah mais oui, moi aussi, je suis en situation de handicap ! Il y a un enjeu dans la manière dont le sujet est traité : un enjeu de décloisonnement, pour ne pas en faire un pré carré d’experts.
Céline AIMETTI /
Déléguée générale - Club House France

Les entreprises, entrepreneurs sociaux, innovateurs

Les entreprises sont directement concer­nées par le handicap, notamment en tant qu’employeurs. La dynamique inclusive les mène à changer de regard, à mettre en oeuvre de nouvelles pratiques d’embauche et de maintien dans l’emploi, à développer l’emploi accompagné.

En parallèle, cette dynamique inclusive entraîne des besoins d’innovation, d’offres de services, d’investissement : elle est aussi à considérer sous l’angle des oppor­tunités d’affaires qu’elle génère pour les entreprises, les entrepreneurs sociaux, les innovateurs. De nouvelles solutions tech­nologiques, de nouvelles offres de services, de nouveaux marchés sont à développer en direction des personnes handicapées, enfin reconnues comme des clients comme les autres.

Les mairies et les collectivités territoriales

La mise en oeuvre d’une société inclusive et participative se produit physiquement au sein de territoires, communes, bassins de vie. Les mairies et collectivités ont un rôle essentiel à jouer pour réaliser elles-mêmes la mise en accessibilité des services de proximité qu’elles gèrent, faciliter les trajets et mobilités, regrouper et diffuser des infor­mations utiles sur les ressources à disposi­tion, susciter la mobilisation de ressources locales bénévoles ou non, apporter du lien et du soutien.

... et plus généralement, tous les acteurs des services de droit commun

Chaque acteur est amené à développer des solutions inclusives qui lui sont propres, en cohérence avec l’équilibre des moyens à sa disposition. Sensibilisation, formation, expertise, conseil sont nécessaires à une large échelle pour envisager, concevoir et mettre en oeuvre dans l’ensemble de la société des solutions ouvertes à l’accueil des personnes handicapées.

Nous pensons que le développement de l’emploi accompagné va se faire mais il faut qu’il y ait un dialogue avec les entreprises pour que ce développement se fasse de façon concertée en les accompagnant si besoin. A travers leur vision RSE, les entreprises doivent trouver leur intérêt dans la promotion de l’inclusion.
Jérôme GALLOIS /
Président - Collectif France Emploi Accompagné