Contribuer à la transition

Une transition profonde est en cours, vers une société plus inclusive et participative pour les personnes handicapées. 

En France la loi du 11 février 2005 « pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées » a changé les regards, a porté largement le sujet du handicap dans la société, et engagé une dynamique qui tend à être conforme à la Convention relative aux Droits des Personnes Handicapées (CDPH) ratifiée par la France et l’Union Européenne en 2010.

L’enjeu essentiel de cette nouvelle dynamique est de promouvoir l’autonomie et l’accès à la vie citoyenne des personnes en situation de handicap dans tous les lieux classiques de la vie quotidienne(l’école, le médecin, la mairie, le centre de sport, l’entreprise, etc.), « les espaces de droit commun », en les facilitant par une palette de dispositifs de compensation et de services d’accompagnementadaptés aux besoins de chacun. Cette dynamique répond à de nouvelles attentes sociétales. Elle s’appuie sur l’expertise et l’implication de nombreux acteurs, des secteurs médico-social, sanitaire, social et de l’économie sociale et solidaire, mais surtout sur l’expérience, l’action et l’engagement des personnes en situation de handicap elles-mêmes et de leur entourage. Elle vient enrichir et renouveler les modes d’action de chacun. Cependant en 2018, ce changement n’en est qu’à ses prémices. Dans plusieurs domaines, les réponses aux besoins des personnes en situation de handicap restent insatisfaisantes :

  • Le regard porté sur le handicap reste encore sujet à méconnaissance et donc à incompréhension. Cette stigmatisation entraîne de la discrimination et du rejet ;
  • La parole des personnes handicapées est encore trop peu écoutée ;
  • La structure réglementaire et institutionnelle des réponses est lourde : elle freine l’adaptation aux besoins de chacun, produit de la rigidité et de la complexité ;
  • Les personnes « sans solution » demeurent nombreuses ;
  • Les moyens et les ressources sont peu coordonnés, et insuffisants dans certains territoires.

La transition vers une société plus ouverte et accueillante pour tous ses citoyens amène à dépasser la logique de « prise en charge » au sein d’une institution, pour accompagner la co-construction de réponses adaptées aux besoins et attentes des personnes. L’important est la multiplicité des réponses possibles et donc le libre choix de la personne acteur social à plein titre et de sa famille.

Avec une expérience de près de cinquante ans dans le repérage, l’expertise, l’accompagnement et le soutien de projets dans le secteur du handicap, le CCAH et ses membres se positionnent comme un véritable observatoire national des pratiques du handicap et de leurs évolutions sociétales, mais surtout comme un lieu d’échanges et de partage, où la parole est libre et riche de la diversité de ses parties prenantes.

Par son action, le CCAH affirme son rôle d’accélérateur du changement, encourage l’innovation sociale. Il s’est positionné très tôt sur des sujets encore peu traités : colloque sur l’emploi des  personnes handicapées en 1977, dix ans avant la première loi sur le sujet, sur la scolarité des enfants en milieu « ordinaire » en 1981, sur le vieillissement des personnes handicapées en 1990, sur l’accueil temporaire, le rôle des aidants et sur la sexualité des personnes handicapées. Sur tous ces sujets et bien d’autres, le CCAH et ses membres agissent pour accompagner l’évolution des modes de vie des personnes handicapées.

Ce document exprime notre ambition de contribuer, à notre échelle, aux transformations actuelles. Ce n’est pas juste « un rapport de plus » : c’est une ligne directrice qui engage notre action pour l’avenir. Nous souhaitons qu’elle suscite non seulement la réflexion et la réaction, mais aussi et surtout des projets concrets pour expérimenter, progresser, construire ensemble une société plus citoyenne.

Pour moi, le maître mot de ces nouveaux engagements qui fabriquent le projet inclusif, c’est-à dire des réponses inclusives dans une société inclusive, c’est l’expression directe de la personne. C’est de l’ordre du projet de société, c’est de l’ordre de la philosophie politique, c’est de l’ordre de nouveaux engagements sociétaux et de nouveaux engagements de protection sociale.
Marie-Anne MONTCHAMP /
Présidente du Conseil de la CNSA