Emploi et formation

SITUATION

Le taux de chômage des personnes en situation de handicap est le double de celui de la population active générale. En outre, les saisines du Défenseur des droits relatives au défaut d’amé­nagement raisonnable et les discriminations à l’encontre des personnes handicapées dans l’emploi représentent près de 9 % des saisines en matière de discrimination en 2017.

Pourtant de nombreux dispositifs soutiennent l’emploi des personnes handicapées :

L’obligation d’emploi des entreprises et de la fonction pu­blique : trente ans après sa création en 1987, elle a permis d’at­teindre un taux d’emploi de 3,7 % dans le secteur privé et 5,3 % pour le secteur public. Significatifs, ces chiffres sont cepen­dant en deçà de l’objectif fixé à 6 %.

Des services et des dispositifs dédiés : Agefiph, FIPHFP, Cap Emploi, SAMETH, Alther, PRITH (Plan régional pour l’insertion des travailleurs handicapés), …

Des accords de branches, accords d’entreprises et mis­sions handicap institués au travers du dialogue social.

Un secteur associatif engagé, tant avec les entreprises adap­tées que les ESAT. En 2018, 800 Entreprises adaptées réalisent 1,8 Md€ de chiffre d’affaires et emploient 32 000 salariés, dont 26 000 en situation de handicap (source : UNEA). Et près de 1 400 ESAT emploient 122 600 travailleurs handicapés.

Par ailleurs, le dispositif de l’emploi accompagné a été géné­ralisé par la loi « Travail » du 8 août 2016. Expérimenté depuis vingt ans en Europe et en France, il peut être sollicité tout au long du parcours professionnel par le travailleur handicapé ou par l’employeur. C’est un dispositif qui propose dans la du­rée un accompagnement pour obtenir un emploi ou le garder dans le milieu dit « ordinaire » de travail. Cet appui s’adresse à la fois au salarié et à l’employeur, pour favoriser l’entrée et le maintien dans l’entreprise.

Mais malgré ces dispositifs, les personnes handicapées restent confrontées à de nombreux défis dans leur vie pro­fessionnelle : préjugés à dépasser ; ruptures du parcours pro­fessionnel qui n’est pas accompagné correctement ; logique administrative de place et d’orientation trop rigide.

A cet égard, il convient également de ne pas oublier l’en­trepreunariat comme piste d’emploi. On considère encore trop souvent l’emploi des travailleurs handicapés en France comme relevant du seul salariat. En tant que chef d’entre­prise, la personne en situation de handicap peut elle aussi faciliter son intégration sur le marché du travail, éviter les rup­tures brutales de carrières ou acquérir de nouvelles compé­tences, devenir employeur.

2,7 millions de personnes en âge de travailler sont bénéficiaires de la reconnaissance administrative d’un handicap ou d’une perte d’autonomie, soit 7 % de la population de 15 à 64 ans.Parmi elles :57 % sont inactifs, contre 28 % pour l’ensemble de la population35 % sont en emploi, contre 64 % pour l’ensemble de la population8 %, soit 19 % des actifs sont au chômage, contre 10 % des actifs pour l’ensemble de la population
DARES Analyses, INSEE Enquête emploi 2015

SUJETS D'ACTUALITE

Des évolutions sont à attendre sur le champ de l’emploi. Quelles que soient ces évolutions, notons ici que l’objectif de l’inclusion dans l’emploi n’a de sens que s’il s’accompagne de moyens de compensations techniques, organisationnels et humains. Sans ces moyens, et dans la situation tendue des marchés du travail, l’emploi des personnes handicapées ré­gresserait drastiquement quels que soient la motivation et le dynamisme engagés.

Le rapport Borello, « donnons-nous les moyens de l’inclusion », invite notamment à un effort important pour le développe­ment des compétences, et à un fort assouplissement des modes de l’intervention publique.

Par ailleurs la question de la pérennité du secteur dit protégé est régulièrement posée : dans d’autres pays développés, ce secteur économique n’existe pas en tant que tel. Cependant tous les travailleurs de ce secteur ne peuvent accéder à l’em­ploi dit « ordinaire », même partiellement. La question princi­pale est donc, au-delà des orientations administratives et des agréments, de répondre au projet de la personne en prenant en compte ses capacités et ses souhaits d’évolution, quel que soit le statut de la structure dans laquelle il travaille.

Enfin les ESAT doivent continuer de s’inscrire dans les dé­marches d’achats responsables, vecteur positif d’emploi, de reconnaissance sociale et économique et de valorisation des savoir-faire.

 

Emploi et formation : les pistes pour agir

SOUTENIR AUJOURD'HUI

1/ Former les organismes de formation et tous les acteurs de l’emploi à l’accueil du public handicapé.

2/ Mettre en oeuvre l’accompagnement dans l’emploi, le job coaching et suivre les nouvelles expérimentations comme les ESAT de transition.

3/ Favoriser les formations en alternance et l’apprentissage.

4/ Favoriser l’emploi sous toutes ses formes : pour les personnes aux capacités réduites, jusqu’aux entrepreneurs.

5/ Favoriser le développement, la reconnaissance des compétences et des savoir-être que ce soit en ESAT, EA ou en entreprise classique.

6/ Développer les passerelles de l’emploi : de l’ESAT à l’entreprise et inversement.

...ET PREPARER DEMAIN

> Étendre le socle des acteurs soumis à l’OETH (Obligation d’emploi des travailleurs handicapés) aux TPE (Très petites entreprises) et aux CFA (Centres de formation des apprentis).

> Expérimenter des dispositifs plus souples comme la RQTH (Reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé) temporaire ou de transition, pour éviter des délais longs de retour à l’emploi.

> Mettre les dispositifs d’aides à l’emploi au service de tous les publics, tels que l’insertion par l’activité économique, les écoles de la deuxième chance ou les clauses sociales dans les marchés publics.

> Exploiter les opportunités des organisations de travail plus flexibles, de l’intrapreneuriat, des nouvelles technologies ou de l’intelligence artificielle pour améliorer l’insertion et le maintien des personnes handicapées dans l’emploi.