Accès aux soins

SITUATION

Les personnes en situation de handicap développent plus de problèmes de santé que l’ensemble de la population. Elles consultent plus tardivement, présentent des situations d’urgence plus fréquentes, des problèmes plus complexes et sont plus difficilement touchées par les campagnes de prévention.

Du fait du coût des soins, de la méconnaissance du handicap, du manque de réponses accessibles et adaptées sur certains territoires, et d’une difficulté à recueillir l’expression des choix et des ressentis, l’accès aux soins reste pour la personne handicapée souvent complexe.

La principale difficulté dans l’accès aux soins tient à l’im­préparation, au manque de formation et d’organisation des professionnels et des structures de santé pour accueillir et prendre en compte les personnes en situation de handicap. A cette impréparation s’ajoute l’absence de demandes ou leur expression tardive voire le renoncement aux soins. Dans cer­tains cas, la douleur elle-même est peu ou tardivement expri­mée, et insuffisamment prise en compte par les personnes et leur entourage.

Au-delà des enjeux autour de l’accessibilité ou des besoins de formation des professionnels de santé sur le handicap, un enjeu majeur pour une amélioration de l’accès aux soins est celui d’une coopération renforcée entre les acteurs du soin et de l’accompagnement. Il n’est pas rare qu’un patient subisse à l’hôpital des batteries d’examens redondants parce que l’in­formation sur sa situation, qu’il n’est pas toujours en mesure d’expliquer lui-même en détail, n’a pas été transmise ou pas prise en compte. La question touche à notre sens à la dignité de la personne, et elle appelle à une coordination active entre secteurs sanitaire et médico-social, par exemple à travers des dossiers de soins informatisés partagés.

SUJETS D’ACTUALITÉ

Dans son rapport d’avril 2013 sur l’accès aux soins et à la santé des personnes handicapées, Pascal Jacob préconisait déjà un certain nombre de solutions pour améliorer la situa­tion comme la formation au handicap des professionnels de santé, la coordination du parcours médical de la personne handicapée, l’amélioration de l’accueil aux urgences et dans les cabinets dentaires, le développement d’unités mobiles de soins sans oublier la formation des aidants et des familles.

La prévention et l’éducation à la santé sont essentiels. Au-delà de la personne handicapée, ils impliquent son en­tourage, ses proches aidants, les professionnels qui inter­viennent auprès d’elle. Permettre à la personne en situation de handicap d’être réellement actrice de son parcours de soins en lui proposant une information adaptée, en l’aidant à s’exprimer et à faire des choix, comme tout autre citoyen, c’est parfois lui permettre de ne pas avoir à renoncer à des soins du fait de son handicap.

L’adaptation des tarifications, notamment pour la méde­cine de ville et les soins dentaires, est l’une des conditions nécessaires pour généraliser l’accessibilité des cabinets et des soins. Plus globalement l’ampleur des inégalités dans l’accès aux soins suivant les territoires pose une question – qui dépasse d’ailleurs le champ du handicap.

 

Accès aux soins : les pistes pour agir

SOUTENIR AUJOURD'HUI

1/ Participer au recensement et à la diffusion des ressources accessibles par territoire.

2/ Informer, former les professionnels de santé.

3/ Mettre en place des programmes d’éducation et de prévention à destination des personnes en situation de handicap, notamment sur la nutrition, l’hygiène bucco-dentaire, l’activité physique adaptée, la vie affective et sexuelle.

4/ Favoriser l’expression des personnes en s’appuyant sur les aidants et l’environnement, pour les aider à prendre des décisions en matière de soins.

5/ Améliorer la détection et la prise en compte de la douleur et des appréhensions.

6/ Mettre en place des ressources d’appui aux professions médicales, spécialisées sur le handicap.

7/ Rendre les soins disponibles dans les déserts médicaux grâce notamment à l’utilisation des nouvelles technologies : équipes mobiles, télémédecine, etc.

8/ Exploiter les opportunités liées aux nouvelles technologies en termes de prévention grâce à des systèmes d'information partagés.

9/ Soutenir les plateformes de coopération entre acteurs sanitaires, sociaux et médico-sociaux pour favoriser une approche globale de la personne, une bonne transmission des informations et éviter les ruptures de soins.

...ET PREPARER DEMAIN

> Instituer un parcours minimal et obligatoire de sensibilisation au handicap pour toutes les professions médicales et paramédicales.

> Adapter la tarification des soins pour prendre en compte le temps inhérent nécessaire au suivi de certaines situations complexes.

> Développer des modes de financement assouplis pour favoriser le développement de réponses à l’échelle d’un territoire et permettre une réelle coopération des acteurs à travers des mises à disposition de compétences (article 51 de la LFSS).